Géologie du Cabardès

 

 

L’A.O.C. Cabardès, est implantée sur la partie occidentale des contreforts méridionaux de la Montagne Noire, aux confins de l’Aquitaine et du Languedoc, où elle profite d’influences océaniques et méditerranéennes alternées et équilibrées. Sur cette zone de partage climatique, elle dévoile un gradient surprenant de climats, de paysages et de végétation. D’Ouest en Est, la verdure toute atlantique des prairies et des feuillus cède la place, en quelques kilomètres à un paysage de garrigue où le rocher est omniprésent, au plus grand plaisir des géologues ; Un autre gradient climatique, orthogonal au précédent, est lié au relief de la Montagne Noire sur le flanc de laquelle l’étagement de la végétation est spectaculaire, des portes de Carcassonne, vers 50 m d’altitude, aux premiers causses, sur lesquels règnent la garrigue et le maquis, aux pentes boisées des premiers contreforts du Pic de Nore, jusqu’aux pelouses d’altitude qui entourent le point culminant à 1211 m d’altitude. La vigne s’arrête vers 350 m d’altitude.

La diversité des terroirs y est déterminée par une disposition pourtant simple des structures géologiques. Les couches sédimentaires, d’âge tertiaire, reposent en discordance sur le socle ancien de la Montagne Noire.

 

Quatre ensembles géologiques, allongés d’Est en Ouest, s’y succèdent du Nord vers le Sud:

– Les schistes et les roches métamorphiques du socle hercynien de la Montagne Noire. Terroir siliceux peu planté de vignes, aux environs de Villardonnel et de Villanière.

– Les formations calcaires ou argilo-calcaires d’âge tertiaire (Paléocène et Eocène), reposant en situation monoclinale, avec un faible pendage vers le Sud, en direction du Synclinal de l’Aude. Entre Moussoulens, à l’Ouest, Ventenac-Cabardès, Aragon et Conques, à l’Est, ces terrains contribuent aux paysages si typiques des causses du Cabardès.

– Les épandages fluviatiles gréseux et conglomératiques désordonnés de la Molasse de Carcassonne, paysage de basses collines autour de Pennautier et de Villemoustaussou.

– Les limons et les terrasses alluviales du Fresquel, très productifs, situés dans le Sud-Ouest de l’Appellation, autour des communes d’Alzonne, Sainte-Eulalie et Pezens.

 

L’Histoire géologique :

 

L’histoire géologique des terrains tertiaires du versant sud de la Montagne Noire succède à une période de plus de 200 millions d’années de calme, pendant laquelle le vieux continent, plissé à l’époque hercynienne, est totalement aplani et transformé en une pénéplaine.

A la fin du Crétacé et au début de l’Ère tertiaire (début du Paléocène), le rapprochement entre les plaques tectoniques ibérique et européenne, à l’origine des plissements pyrénéens, provoque en avant de la chaîne, la formation d’une large dépression, centrée sur l’Aude actuelle, qui sera successivement envahie par des lagunes, des lacs d’eau douce, puis par des eaux marines en provenance de l’Aquitaine, avant d’être totalement comblée par des débris de l’érosion des Pyrénées. En voici les principales étapes :

. Des sédiments continentaux s’accumulent d’abord dans cette dépression. Les premières couches à reposer en discordance sur les terrains anciens plissés de la Montagne Noire sont des argiles rouges et des limons sableux à galets, déposés sur le piémont du massif hercynien. Ils tirent leur couleur rutilante du lessivage de la croûte latéritique qui recouvrait la pénéplaine ancienne. En l’absence de fossile, leur âge est inconnu, vraisemblablement début du Paléocène (étages Dano-Montien).

. Un lac d’eau douce s’installe au Thanétien inférieur dans les dépressions de cette vaste plaine et dépose les « Calcaires de Montolieu », calcaires lacustres blancs, crayeux, en bancs épais et massifs, à rares mollusques gastéropodes (Aplexa prisca). Ils forment un avant-causse rarement implanté de vigne, à l’exception du proche plateau de Salsigne (en AOC Minervois). Avec le retrait des eaux du lac, le Thanétien supérieur est marqué par le retour d’argiles sableuses rouges azoïques et de conglomérats fluviatiles (ancien étage Sparnacien).

Un golfe marin s’ouvre de façon assez durable, au début de l’Eocène, pendant l’étage Yprésien (ancien Ilerdien) entre Pyrénées et Montagne Noire, et dépose des calcaires à fossiles marins, les « Calcaires à Alvéolines » ou « Nummulitique ». Cet ensemble d’une soixantaine de mètres d’épaisseur forme une cuesta regardant vers le Nord, dont la surface structurale, inclinée vers le Sud, forme l’essentiel des causses du Cabardès. Il s’agit en fait d’un complexe de calcaires plus ou moins argileux intercalés de niveaux marneux ou sableux plus ou moins épais. Ils sont toujours très fossilifères et particulièrement riches en foraminifères qui vont littéralement pulluler et donner, à ce calcaire, son faciès si caractéristique. Les alvéolines se rencontrent à sa base, alors que les nummulites apparaissent dans sa partie moyenne.

Colonne lithostratigraphique du Cabardès

 

Phillipe Fauré, mars 2014 – asnat.fr

 

Bibliographie :

  • BERGER G.M . et al. (1993) – Carte géologique de France au 1/50 000. Feuille de Carcassonne (1037). Orléans : BRGM.
  • DONCIEUX L. (1905) – Catalogue descriptif des fossiles nummulitiques de l’Aude et de l’Hérault. Première partie. Montagne Noire et Minervois. Annales de l’Université de Lyon, n.s. fasc. 17, 164 p., 5 pl.
  • LEYMERIE A. (1855) – Mémoire sur les terrains à nummulites des Corbières et de la Montagne Noire. Mémoire de la Société géologique de France, 2è serie, T. 1p 337-373.
  • https://asnat.fr/terroir-et-vin/terroir-vignerons.php Aperçu géologique du Cabardès, Domaine de Cabrol
  • SEGUIER J. (1972) – Etude stratigraphique du Paléozoïque du Cabardès et de la couverture éocène. Thèse 3e cycle, Toulouse, 115 p.

 

 

 

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